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Date de création : 14.12.2010
Dernière mise à jour : 15.12.2010
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CA N'IRA PA LOIN

Publié le 14/12/2010 à 14:09 par soutenonsado Tags : 2010 femme bonne homme amis voyage

Quoi qu’ils fassent, leur nom restera attaché, pour toujours, dans l’histoire contemporaine de la Côte d’Ivoire, à l’action politique la plus ignominieuse qui ait été menée depuis l’indépendance de ce pays. Ils sont ainsi 34 à avoir accepté de participer au gouvernement formé par Laurent « j’y suis, j’y reste ». Avec l’habituelle piétaille que l’on retrouve dans toute formation « présidentielle », cela fait quand même pas mal de « forfaituristes » qui prennent leurs désirs pour des réalités.

Car, à la limite, l’essentiel n’est pas là. Il est bien plus dans le listing de tous ceux qui, se refusant « à injurier l’avenir », ont préféré prendre leurs distances vis-à-vis de la nouvelle (et sans doute éphémère) équipe gouvernementale. Dans la liste du gouvernement fantoche de Gbagbo on remarque ainsi l’absence des « grosses pointures » du FPI : Paul-Antoine Bohoun Bouabré (ex-ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement), Michel Amani N’Guessan (ex-ministre de la Défense)… et les « d’entrées » ne sont pas vraiment significatives.

Le premier ministre, Gilbert Marie Aké N’Gbo, n’est pas une tête d’affiche. 55 ans depuis le 8 octobre, recteur de l’université de Cocody-Abidjan (la plus ancienne institution universitaire) depuis le 14 mai 2010, il n’est pas cet « économiste de renommée internationale » que décrivent ses amis. Formé à Toulouse en économétrie, il a été admis à l’agrégation en… 1998. C’est un « prof » dont l’expérience politique ne dépasse pas les frontières de la sphère enseignante (dans le même temps, c’est une caution pour la clientèle professorale du FPI et des syndicats d’enseignants ; ou, du moins, ce qu’il en reste).

Ironie de l’histoire, il est « coordonnateur de l’observatoire de l’opinion publique sur la démocratie et les droits de l’homme » ; je ne sais pas à quoi cela correspond mais, pour ce qui est de la « clique Gbagbo », démocratie et droits de l’homme doivent être des « gros mots ». Notons que le premier ministre est aussi un adepte du taekwondo. Lors de son élection à la présidence de l’université de Cocody-Abidjan, il avait affirmé : « La démocratie est une bonne chose. Elle permet à chaque partie de s’exprimer […] Les règles du jeu ont été appliquée et de façon stricte. Ces élections serviront d’exemple à la Côte d’Ivoire. Gloire à Dieu et que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire ». Dommage, il n’a pas eu la même perception des choses à l’issue du second tour de la présidentielle ; il est vrai qu’il est plus facile de louer Dieu - et la démocratie - quand on gagne que lorsqu’on perd.

On pourra s’étonner que Gbagbo, qui évoque un « gouvernement de combat », ait nommé comme premier ministre un homme dont le profil est, à tous points de vue, particulièrement neutre. C’est cette « neutralité » - qui confine, diront certains, à la médiocrité politico-sociale - qui a, sans doute, séduit Gbagbo ; une personnalité « typée », au plan politique comme au plan social, aurait été un sujet de polémique. Aké N’Gbo a toutes les chances de n’être même pas un sujet ! Et, pour Gbagbo, il présente l’incomparable avantage d’être un « économiste » ; et donc, à priori, un homme capable de comprendre le mode de fonctionnement d’Alassane Ouattara. On sait quelles sont les faiblesses de Gbagbo en la matière. Et le savoir faire d’ADO ; pardon de son SEM le président de la République.

Germain Yanon Yapo, Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés, est l’ancien président du Conseil constitutionnel (le premier nommé par Gbagbo en 2003 et remplacé, ensuite, par l’inénarrable Paul Yao N’Dré). La Défense a été confiée au conseiller spécial du président de la République, chargé des questions électorales, vice-président de Commission électorale indépendante (CEI) : Alain Dogou. Désiré Tagro, ex-ministre de l’Intérieur (il avait défrayé la chronique au cours de l’été 2010 après avoir été mis en cause dans des affaires de détournements et de corruption), ayant été nommé secrétaire de la présidence de la République, l’Intérieur a été confié à Emile Guiriéoulou qui était ministre de la Fonction publique et de l’Emploi.

Les Affaires étrangères (qui perdent « l’intégration africaine »), qui étaient entre les mains d’un PDCI, sont confiées à l’ambassadeur de Côte d’Ivoire aux Nations unies : Alcide Djédjé, par ailleurs conseiller diplomatique de Gbagbo. Il s’est illustré par des attaques contre Paris et, tout récemment, contre Dakar (« Nous avons les preuves d’une conspiration [d’Abdoulaye Wade] contre le président Gbagbo et contre la Côte d’Ivoire ») et l’ONU (il a dénoncé dans le représentant spécial du secrétaire général un « agent de déstabilisation et non de paix »).

L’Economie et les finances sont entre les mains de Noël Laurent Désiré Dalo, ancien directeur du port de San Pedro. Augustin Kouadio Koumoué conserve le portefeuille des mines (mais sans référence à l’énergie). Christine Adjobi, qui était ministre de la Lutte contre le sida, obtient la santé. Benjamin Yapo Atsé passe de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle à la Construction et à l’Urbanisme. L’Agriculture est confiée à un médecin de Korhogo, ancien directeur adjoint du cabinet de Gbagbo et, surtout, son directeur national de campagne : Issa Malick Coulibaly.

Voilà pour le Top-Ten du gouvernement. On le voit, pas de personnalités majeures capables de crédibiliser ce gouvernement ou de laisser penser qu’autour de Gbagbo s’est constitué un noyau dur d’hommes politiques capables de rassurer la « communauté internationale » ou de gouverner dans une perspective de rassemblement. Rien que des apparatchiks du FPI qui, par ailleurs, ont été largement « mouillés » dans les tripatouillages de la présidentielle. Poursuivons ce voyage au sein de la nomenklatura gbagboïste.

Le numéro 11 est Ahoua Don-Mello, directeur général du Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) - ex-DCGTX d’Antoine Césario - ancien élève de l’Ecole nationale des ponts et chaussées (ENTP) de Paris ; ce chantre de la « refondation économique, sociale et culturelle de la Côte d’Ivoire », gauchiste devenu « néo-libéral-socialiste », obtient le portefeuille de l’Equipement et de l’Assainissement (sic). Le ministère des Transports est confié à N’Goua Abi Blaise, dont je ne sais rien (et je ne dois pas être le seul).

Par contre, pour l’Education nationale, c’est une femme qui est promue, plus encore la seule femme qui ait été candidate (indépendante) à la présidentielle 2010 : Jacqueline Iohouès Oble. Agrégée de droit privé, doyenne de la faculté de droit de l’université d’Abidjan-Cocody (1986-1989), ministre de la Justice sous Félix Houphouët-Boigny dans les gouvernements Ouattara (1990-1993), membre fondateur du RDR, député puis démissionnaire en 2000, elle se présente comme « une femme de principe » (Le Pays, quotidien burkinabè, du lundi 26 avril 2010) ; elle disait aussi, ce jour-là, que « quand deux personnes se battent, il en faut une autre pour les séparer ». Manifestement, elle a changé d’idée.

Du côté des « Eric Besson » en pagne, il faut relever également la présence du professeur Angèle Gnonsoa, première vice-présidente du Parti ivoirien des travailleurs (PIT) et présidente par intérim à la suite de la démission de Francis Wodié dont le score au première tour de la présidentielle avait été démoralisant (cf. LDD Côte d’Ivoire 0272/Mardi 16 novembre 2010). Wodié ayant appelé à voter pour Ouattara, Gnonsoa dénoncera une « forfaiture » et appellera « à faire bloc autour de Laurent Gbagbo pour […] la sauvegarde de l’indépendance de la Côte d’Ivoire ». Elle est désormais dans le « bloc » !